« L'initiative du Plus beau théâtre du Monde est non seulement judicieuse, non seulement bienvenue, elle est indispensable. J'espère sincèrement qu'il trouvera les bonnes fées pour se pencher sur son berceau, l'encourager, et le soutenir.

Que nous soyons public, acteurs néophytes ou déjà professionnels, enseignants ou élèves, tous nous en avons besoin ».

Ariane Mnouchkine, Théâtre du soleil, mars 2004

 

« L’école est le Plus Beau Théâtre du Monde », concluait Antoine Vitez  avec un de ses étudiants en fin de formation théâtrale. En reprenant à notre compte cette citation, notre intention était de faire descendre la pratique artistique de la scène pour l’installer sur les bancs d’une école. Pour pouvoir, à travers elle, à nouveau s’essayer, tenter. Pour faire tomber la frontière entre des sachants qui jouent et représentent et des spectateurs qui regardent et ressentent par procuration de l’artiste. Car nous croyons que si les artistes sont essentiellement nécessaires à la société, la culture et les pratiques artistiques ne sont pas et ne peuvent pas être l’apanage des seuls professionnels.

Apprendre et créer ensemble, c’est ce que propose ce théâtre-là et c’est la raison pour laquelle il se révèle comme le plus beau du monde : parce qu’il s’invente avec ceux qui le font. Un théâtre qui propose de se réunir afin d’élaborer collectivement autour des problèmes auxquels nous sommes confrontés. L'accent est mis sur notre capacité à réfléchir à notre manière de vivre ensemble et à transmettre des moyens de mise en œuvre individuelle et collective, des moyens d'agir.

Ici, nous partons en quête de fils pour tisser entre pratiques artistiques et pratiques sociales. Ici, nous nous intéressons à l’utilité sociale de l’art : un art qui soit un outil, un lieu, un moment, où se rencontrer, échanger et s’entraîner à s’ériger bâtisseur-se de nouveaux liens. 

 

 

Une utopie à l’oeuvre !

 

15 jours de rencontres,

4 villages de la montagne de Lure, dans les Alpes de Haute-Provence

75 stagiaires,

2 formations animées par le créateur du Théâtre de l’Opprimé, Augusto Boal et par le fondateur de la plus importante troupe de Théâtre de l’Opprimé dans le monde, Sanjoy Ganguli

1 théâtre législatif (pour la 1ère fois en France !), animé par Augusto Boal

360 nuitées

1200 repas

927 heures de bénévolat

 
Ecouter Boal présentant le Théâtre de l’opprimé au Plus beau théâtre du monde : 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Augusto_Boal

 

stage d’arc en ciel du desir animé par augusto boal

Lardiers, du 12/07 au 16/07/05

Nombre de participants : 40 personnes.

Objectif général : transmettre les techniques de l’Arc-en-ciel du Désir qui permettent de mettre en commun des oppressions qui de prime abord semblaient individuelles.

Objectifs spécifiques :

Analyser les couleurs de nos volontés et désirs pour les harmoniser différemment, dans d’autres proportions, d’autres formes et d’autres tableaux qui soient plus conformes à notre bonheur.

Créer un espace esthétique qui libère la mémoire et l’imagination.

Essayer de reconnaître les interdits que l’on se pose à soi-même, les analyser et essayer peut-être de les dépasser.

S’appuyer sur la multiplicité des regards des participants pour mieux se comprendre soi-même.

 

Evaluation de la formation par les stagiaires :

L’intervenant : Il a été apprécié par tous les participants qui ont souligné sa clarté, son écoute, son humour. « Une joie à l’état pur ». « Je suis à chaque fois baba. J’adore sa façon de parler, ses explications. Son humilité, sa simplicité, sa générosité, son sourire… ». « Sage ». « Intelligent, jovial, humble, clair… »

La pédagogie : « Pédagogie claire et politique ». « Participative, une relation directe avec ce que je peux mettre en place dans ma pratique au planning ». « +++++++++++++++++++++++++++++++ ». « Claire et concise. Intense, productive, éclairante ». « En adéquation avec le contenu du stage : espace critique, contextualisation, réflexions multilatérales, etc. ». « Excellente, humour, clarté des explications, patience, malice… Que dire encore ! »

La régulation du groupe : « 40 personnes me semblent trop pour faire un travail intense sans générer des frustrations ». « Echanges sur la pratique de chacun ». « Echanges, belles rencontres… ». « Gai, variée. Emotions +++… ». « Travail hyper bien construit, le démarrage de chaque séance avec un échange où la parole pouvait circuler suivi de jeux, pour ensuite attaquer la technique. Cela donne un rythme qui me convient et permet d’être en mouvement ». « Belle création de cohésion de groupe qui a créé une dynamique. »

Avis général : « Un vrai bonheur, l’écoute, l’observation, l’humour malicieux, la passion de bien faire comprendre le message donné. Ses journées ont été d’une intensité que j’ai du mal, aujourd’hui à en parler… Tout bouillonne encore dans mon être intérieur. » « Ce qui aurait pu être mieux ? : Que ça ne s’arrête jamais ! ».

 

Evaluation de l’équipe organisatrice :

Accueillir Augusto Boal était bien évidemment un grand honneur. Rappelons que Boal est Docteur Honoris Causa de plusieurs universités, médaillé par l’UNESCO et le Gouvernement Français. C’était aussi pour nous le remettre en contact le public français avec cet homme d’exception après quatre années d’absence sur la scène française. Cet objectif, vu les réactions des participants, était largement louable. La technique d’Arc-en-ciel du désir est très puissante. Et le talent d’Augusto Boal est immense. Ce stage fut d’une intensité rare dont les effets perdureront longtemps dans les esprits et les pratiques de ceux qui ont eu la chance d’y participer.

Si nous trouvions un soutien à cette fin, nous pourrions confier le montage des images vidéos de cette formation. Avis aux donateurs-trices !

 

stage de théâtre-forum animé par sanjoy ganguli

Saint Étienne les Orgues, du 06/07 au 10/07/05

Nombre de participants : 35 personnes.

Objectif général : transmettre les techniques du théâtre forum. Le théâtre forum : à partir d'improvisations nourries de leur vie quotidienne, les participants mettent en scène des situations-problèmes. Les "spect’acteurs" sont ensuite invités à remplacer les protagonistes pour proposer des solutions.

Objectifs spécifiques :

Exploration et compréhension du langage du corps à travers de jeux et d’exercices.

Créer l’espace pour que les participants puissent agir émotionnellement et rationnellement sur plusieurs problèmes au niveau social et individuel.

Enseigner les techniques pour développer les aptitudes pour construire de puissantes images de la vie.

 Structurer une pièce avec un fort sens de l’esthétique – à travers l’exploration des abstractions, des symboles.

Développer un sens d’unité entre l’acteur et le spect-acteur

Renforcer la pertinence et l’actualité du théâtre forum en analysant le rôle que le théâtre a joué dans l’histoire sociale et politique du Bengale.

 

Evaluation par les stagiaires :

L’intervenant : Sanjoy Ganguli a été vivement apprécié pour sa « très grande humanité », sa sérénité, « une attention de tous les instants », fort « d’une philosophie cohérente et exigeante ». « La sérénité et l’attention de cet intervenant a été un véritable enchantement ».

La pédagogie : « Excellente pédagogie : convaincue, convaincante, efficace, prudente, évolutive ». « Pédagogie douce, j’ai été questionnée sur tous les jeux que nous avons fait, sur mon errance dans tout cela, ça m’a fait chercher beaucoup de choses, j’étais en confiance. » Néanmoins selon certains : « manquèrent quelques fois des explications sur le pourquoi des exercices proposés et sur la logique de la démarche suivie » ; « J’aurais aimer passer plus de temps à la construction de TF plutôt qu’aux échauffement ». « Le travail effectué tout au long de cette semaine à donné à l’issu du stage un résultat étonnant, je me suis sentie grandie, c’était très riche ».

La régulation du groupe : « Groupe sans doute très hétérogène, pourtant efficace et soudé parce que composé de gens convaincus et venus pour travailler sérieusement ». L’intervenant « nous a aidé à créer des liens à l’extérieur et à l’intérieur ». Un participant regrette le « manque de régulation au début et fin de stage pour s’adapter au groupe ».

Avis général : « Travail très agréable ». « Très beau stage et passionnant ».

 

Evaluation de l’équipe organisatrice :

La cohérence de la démarche et l’humanité de l’animateur furent une véritable source d’inspiration. Quelques participants furent d’abord déconcertés par l’attention et les efforts de l’intervenant en vue de constituer un groupe. Certains auraient préféré aller directement aux improvisations. A la fin du stage, l’aboutissement de la démarche permit à chacun de comprendre la logique de celle-ci. Le respect, la tendresse, l’admiration que Sanjoy Ganguli a suscités à travers son travail se sont vérifiés par la durée exceptionnelle des applaudissements en fin de stage.

 

l’atelier de théâtre législatif 

Dimanche 17 juillet 05, Lardiers

Objectifs :

Découvrir et expérimenter la dernière née des techniques élaborées par Augusto Boal : un outil qui, partant du théâtre-forum, permet que les idées émanant du public puissent se transformer en propositions de lois.

Faire bénéficier de l’expérience d’Augusto Boal à un large public.

Se situer au cœur de l’innovation sociale en utilisant pour la première fois en France un outil de droit d’élaboration démocratique.

Favoriser le débat, faire émerger une compréhension plurielle et aboutir à des propositions de changement au sujet d’un enjeu de développement local : l’accès au logement.

Nombre de participants : plus de 100 personnes : stagiaires du festival, habitants de Lardiers et des autres communes du territoire intercommunal, ainsi que régionaux (Aix, Marseille, Avignon, etc.). Le public était motivé par un intérêt soit pour le processus de démocratie locale, soit par le thème « l’accès au logement ».

Le théâtre législatif

Le théâtre législatif est la dernière née des techniques inventées par Augusto Boal. L’objet du théâtre législatif est bien de produire du Droit. Au Brésil, 15 lois ont été votées par le biais de ce processus et sont en application. Nous avons l’honneur qu’Augusto Boal anime lui-même cet atelier de théâtre législatif, et ce, pour la première fois en France. Le thème en était " l’accès au logement " car cela représente un problème de développement local (résidences secondaires prééminentes sur la résidence primaire). Parce qu’il est urgent d’explorer de nouvelles voies d’Habiter ensemble

 

Le processus de Théâtre législatif

Etape 1 : un Théâtre-forum présente la problématique afin que les spect’acteurs trouvent des pistes de solution.

Etape 2 : les solutions faisant appel au Droit sont rédigées

Etape 3 : Ces propositions de texte sont soumises à la table des juristes afin de vérifier leur adéquation avec le cadre législatif existant.

Etape 4 : Débat contradictoire entre deux parties avec confrontation des arguments du OUI et de ceux du NON à chacune des propositions de loi.

Etape 5 : Vote démocratique du public

Bilan :

La découverte du Théâtre Législatif a suscité un réel intérêt des participants qui ont été nombreux d’une part à monter sur scène pour proposer des alternatives et d’autre part à soumettre leurs propositions de lois à l’assemblée. Cette séance a également permis à ce que plusieurs associations locales (QueDAL), régionales (Paysans Provence Solidarité, Au Païs) et nationales (Juristes Solidarité), mobilisées sur ce thème et aux vues parfois divergentes, puissent se confronter. Les indéniables talents de conteur d’Augusto Boal racontant quelques épisodes de sa vie d’homme de théâtre social et replaçant les enjeux de la vie démocratique dans différents contextes sociaux et culturels ont été l’une des raisons du succès de la journée.

Nous remercions…

Juristes Solidarité, Au Paiis et Solidarité Paysans Provence pour le coeur des juristes

La Pluie d’Idées, troupe locale de théâtre-forum

QUEDAL 04, pour leur engagement local et dans ce dispositif

En savoir plus :

Bilan à télécharger

Enregistrement sonore de la présentation du théâtre législatif par Boal et de son expérimentation

http://www.lpl.univaix.fr/~belbernard/misc/sons/boal/

 

les matinées-débat

Objectif général :

Ouvrir un espace de parole et de questionnement mutuel sur la philosophie et les pratiques du théâtre de l’opprimé.

Nombre de participants : Environ 120 participants, répartis sur les 4 séances.

Evaluation des stagiaires :

Les forums ont été vivement appréciés en tant qu’ils ont permis des échanges enrichissants : « Ouvrent de nouvelles perspectives d’évolution humaine et d’action. Génial ! », « Très important de clarifier en groupe les concepts du Théâtre de l’Opprimé. », « C’est une riche idée de permettre à tous de se retrouver et de débattre sur des questions essentielles. »,  « Très intéressants du point de vue des échanges que cela a apporté et des questions qui restent posées. », « Intéressant et bien animé ». Plusieurs participants ont émis le souhait d’un ordre du jour plus strict : « Pour moi c’était des moments riches, beaucoup d’info, même si à certains moments ça part un peu dans tous les sens. », « Super ! A peut être manqué de recadrage à certains moments. », « Bien, peut-être trop ouverts, un ordre du jour plus défini à peut être fait défaut ».

Evaluation de l’équipe organisatrice :

Le simple fait qu’autant de personnes, y compris des non stagiaires, se soient déplacés le matin pour participer à ces débats prouvent leur bien fondé. Ce furent de véritables espaces d’échanges et de confrontations entre des opinions et des pratiques différentes. Nombre des questions soulevées, si elles ont été approfondies, sont restées ouvertes, répondant ainsi à l’esprit qui animait ces débats : non pas d’arriver à des conclusions consensuelles, mais de complexifier toujours plus le rapport à cette forme de théâtre.

Plusieurs remarques ont été faites quant à l’ordre du jour de ces débats. Nous avions sollicité les stagiaires en amont du festival, par Internet, pour le créer collectivement. N’ayant pas réussi à définir avant l’ouverture des débats quels étaient les sujets qui nous préoccupaient dans la majorité, nous avons fait le choix de lancer des pistes de réflexion et d’adapter le débat aux besoins présents. Cela nous a donc conduit à suivre les intérêts mouvant des participants plutôt que de les enfermer dans un cadre que nous aurions délimité seuls.

En plus de ces matinées méthodologiques, nous avons vivement apprécié la prise en charge spontanée d’un atelier supplémentaire en matinée par l’un des participants, matinée à laquelle participèrent de nombreux stagiaires. Leur objectif était de préparer la scène ouverte du samedi soir. Cette appropriation du festival par les participants qui cherchent à échanger, à donner et à apprendre encore plus que cela n’était prévu par notre programmation déjà assez dense, nous prouve qu’au delà de la simple consommation de stages, le Plus Beau Théâtre du Monde a su être le lieu d’un véritable engouement.

 

 

les expo photo et vidéo

Du 06 au 15 juillet 05, Limans

Objectifs :

Diffuser des productions artistiques à haute valeur sociale

Donner à travers l’expo photo réalisée par Jeanne Dosse une illustration du travail du Jana Sanskriti, la troupe fondée par Sanjoy Ganguli en Inde

Faire connaître plusieurs troupes de Théâtre de l’Opprimé du monde entier (vidéos)

Le « cinéma sous les étoiles » a lui aussi ouvert d’autres fenêtres sur le monde et l’histoire, avec 2 documentaires et 2 films : un documentaire sur le Jana Sanskriti, The power of Theatre ; un second sur le théâtre invisible d’Augusto Boal ; le film de Jean Rouch, La Pyramide humaine ; celui sur le travail d’acteur de Philippe Caubère, Ariane où l’âge d’or.

 

qui sont les festivaliers ?

 

Leur place est centrale dans notre festival. Ils sont à proprement parlé « acteurs associés ». En effet, le Plus beau théâtre du monde ne souhaite pas promouvoir des arts de la représentation, au regard desquels le public est passif, mais des arts utilisés pour bâtir les liens qui nous unissent. Cette politique peut surprendre certains, habitués à consommer des produits culturels. Elle est exigeante et nécessite de remettre en cause des certitudes, de construire des espaces de participation, de favoriser des temps propices à la relation. Les évaluations produites par les stagiaires traduisent les réussites et les difficultés liées à la mise en œuvre de cette politique.

 

  Les stagiaires sont des femmes à 65 %. Ils sont issus du milieu culturel à 32 % et du secteur social à 30% ; puis 15 % exercent un métier éducatif et 6 % environnemental ; 6% appartiennent à d’autres champs professionnels. Et enfin, 11% sont sans activité, ce qui signifie que le festival joue a minima un rôle d’insertion sociale, voir d’insertion professionnelle dans la mesure où nous dispensons des formations professionnalisantes.
Les stagiaires sont des femmes à 65 %. Ils sont issus du milieu culturel à 32 % et du secteur social à 30% ; puis 15 % exercent un métier éducatif et 6 % environnemental ; 6% appartiennent à d’autres champs professionnels. Et enfin, 11% sont sans activité, ce qui signifie que le festival joue a minima un rôle d’insertion sociale, voir d’insertion professionnelle dans la mesure où nous dispensons des formations professionnalisantes.

 

 

 

 

 

un atelier pour prolonger l’effet social du festival sur le territoire local

Bilan à télécharger

Le festival cherche à diffuser des nouvelles pratiques sociales de participation. Des temps spécifiques sont organisés en amont et en aval de chaque édition du festival vue de mieux concerner la population locale. Suite à cette première édition, nous animerons un atelier avec des habitants du territoire local, soit une dizaine de séances de janvier à juin 2006, sur les quatre communes. Ce travail donnera lieu à une représentation lors de la seconde édition du festival.

En participant à cette expérience, l’habitant prend conscience que la pratique artistique peut être un outil au service de son développement personnel et de celui de la communauté à laquelle il appartient. Nous attendons également de cet atelier qu’il encourage la participation des habitants aux stages du festival, en vue d’approfondir ces pratiques. C’est enfin un support pour densifier les échanges sociaux entre les habitants de ce nouvel espace de coopération qu’offre l’intercommunalité.

Cet atelier propose une intitation au théâtre-forum, méthode théâtrale qui favorise le développement des capacités à coopérer. Le théâtre-forum permet de favoriser l’expression de besoins spécifiques aux participants et de dégager ensemble des pistes de solution aux problèmes qu’ils auront choisis de mettre en scène. Il s’inscrit parfaitement dans la perspective qui est la nôtre d’utiliser la création artistique au service du mieux-être collectif et personnel, du développement social local.

 

en savoir encore plus

Ce qui a motivé la fondation du Plus beau théâtre du Monde, c’est le désir de puiser à la source artistique pour aider à faire société. Nous voulons nous confronter à la difficulté de vivre ensemble au quotidien, de s’enrichir des différences entre ruraux de souche et néos-ruraux, entre hommes et femmes, actifs et inactifs, etc. Pour relever ce défit de vivre en bonne intelligence, nous autres humains avons besoin de nous appuyer sur notre créativité. Or la pratique artistique est un des meilleurs médias pour la renforcer…

Le Plus beau théâtre du Monde considère la pratique artistique collective comme outil de développement local. D’abord parce qu’elle favorise les capacités d’expression. Mieux s’exprimer, c’est une voie pour éviter le repli sur soi. Mieux nous exprimer pour mieux nous rencontrer, rencontrer l’autre, l’autre mon voisin, celui qui habite le même village mais qui n’a pas la même histoire que moi, qui travaille ailleurs, que je ne connais pas ; l’autre, le villageois du village voisin, le pas pareil ; et puis, l’autre le si différent qui vient d’ailleurs. Mieux m’exprimer pour partager avec les autres ce que je suis, pour valoriser les ressources qui sont les miennes, ressources dont on peut avoir tant besoin, des fois qu’on se mette à construire ensemble l’avenir qui est le nôtre. La confrontation est donc, dans notre projet, corollaire de l’expression. Se confronter pour aller au-delà des inimitiés et des propagandes qui isolent. Se confronter dans un climat de confiance pour développer nos esprits critiques et répondre au défit de faire société.

Les différents temps de rencontre autour du festival s’offrent comme des supports de liens sociaux à tisser entre les populations hétérogènes d’une société rurale recomposée à l’image de sociétés urbaines. La représentation du milieu rural que nous souhaitons promouvoir est celle d’un milieu ouvert, ouvert sur lui-même (entre ses différentes composantes) et ouvert sur son environnement social, régional, national et international. Aussi nous appuyons-nous sur l’hétérogénéité des participants et des intervenants pour construire ensemble une dynamique originale, favorable au développement local. Nous envisageons le développement local comme un processus qui s’élabore au moyen des ressources locales et de ressources hexogènes.

Comment le Plus beau théâtre du monde traduit-il concrètement cette volonté ? D’abord en visant à favoriser l’épanouissement des potentiels locaux : il s’appuie pour cela sur l’expression individuelle et collective, sur la consolidation des liens sociaux et sur la valorisation des savoir-faire locaux artistiques et pédagogiques. Ensuite il mobilise des ressources exogènes en mobilisant les savoir-faire d’intervenants de qualité. Le propre d’un festival est par ailleurs de mettre en avant le territoire local, et pour ce faire un festival a besoin de festivaliers, d’ici et d’ailleurs. Mais ces festivaliers ne sont pas entendus comme « consommateurs de festival » mais comme « acteurs associés ».  Car le Plus beau théâtre du monde met en œuvre des dispositifs qui favorisent la prise de participation du public au projet.

NOS PARTENAIRES

Dès cette première édition, nos partenaires nous ont permis de situer le Plus beau théâtre du monde comme un projet culturel de territoire, définit comme « la rencontre entre une initiative privée et une volonté territoriale»*. Tout d’abord celle de la Communauté de communes du Pays de Forcalquier et de la montagne de Lure. Nous avons bénéficié d’une politique ambitieuse de développement culturel : « un développement culturel qui permet la requalification du pouvoir des communes et la sociabilité des habitants, pour redonner du sens au politique via la citoyenneté»*.

L’Union Européenne, dans le cadre du Programme Leader +, a également apporté un important soutien technique et financier à cette action culturelle territorialisée. Le GAL Lubéron Lure a vu dans notre action un outil pertinent pour mettre en œuvre sa politique de valorisation des ressources culturelles. Notre attachement à impliquer la population et favoriser ou consolider les liens sociaux (notamment entre habitants de souche et néo-ruraux), notre capacité à mettre en œuvre ce projet sur plusieurs communes, notre volonté de l’inscrire dans le temps et de le considérer comme un outil durable de développement local (le festival et les actions

annexes du PBTM sont projetées sur plusieurs années ; nous croyons par ailleurs que les pratiques que nous promouvons dans nos stages sont facteurs de changement social), l’aspect innovant de cette proposition culturelle, sa propension à créer de l’activité économique voir même de l’emploi, notre volonté d’étendre notre territoire d’influence au Lubéron (cf. recrutement des stagiaires et artistes intervenants en soirée), notre effort de traçabilité afin que cette action soit transférable (ce document peut en être considéré comme un outil) sont autant de facteurs qui ont motivé ce soutien.

Enfin, le Conseil Général des Alpes de Haute-Provence a lui aussi su valoriser notre projet en lui apportant son soutien.

Nous nous sommes attachés à construire un partenariat durable avec les représentants politiques des communes concernées. Plusieurs réunions, entre juin 2004 et juin 2005, nous ont permis de mieux cerner les attentes portées par les politiques comme leurs craintes, et de mieux préciser ou même modifier notre propre projet. Le territoire intercommunal s’est vérifié être une bonne échelle territoriale pour notre action. Ce n’était à priori pas évident d’assurer la cohérence de la manifestation sur quatre villages. Mais ce qui apparaissait comme une difficulté s’est révélé être une force : étendre notre territoire d’envie nous a permis de disposer de plus de moyens en terme d’infrastructures et de mobiliser des partenaires. C’était pertinent pour les habitants de saisir cette occasion d’aller à la rencontre de leurs voisins ; pour ceux qui ont fait le déplacement ! Mais nous avons pu vérifier que réussir la mobilisation des habitants des quatre communes était difficile : l’habitant a tendance à ne se sentir concerné que par ce qui se passe dans sa commune et l’étalement géographique de nos propositions culturelles peut prendre l’aspect du saupoudrage. Nous ne pouvons que contribuer à diffuser le sentiment d’appartenance intercommunale, il nous est difficile de prétendre l’initier.

*Compte-rendu des journées « Culture et territoires », Digne, 25 et 26 mai 2005, Leader